Chers lecteurs,
Le Journal des Engagés se penche aujourd’hui sur une question cruciale qui suscite débats et interrogations : le déploiement éventuel d’une force multinationale en Haïti, menée par le Kenya. À la demande du Groupe des amis des nations d’Haïti, le Kenya s’est ouvert à l’idée de diriger une force de 1 000 policiers pour aider à rétablir la sécurité dans notre pays, assister la police haïtienne et protéger les installations stratégiques. La chancellerie haïtienne dit « accueillir avec intérêt » cette nouvelle. Néanmoins, cette proposition soulève des enjeux majeurs, tant au niveau de la situation politique interne du Kenya que des intérêts et de la souveraineté d’Haïti.
D’un côté, le Kenya se positionne en soutien des populations d’ascendance africaine, y compris celles des Caraïbes, alignant ainsi sa politique de diaspora sur les principes du panafricanisme. Toutefois, nous ne pouvons ignorer que le Kenya est confronté à ses propres défis de gouvernance interne. Des manifestations meurtrières secouent régulièrement le pays, et la répression violente des manifestations de l’opposition par la police suscite des critiques de la part d’organisations de défense des droits de l’homme et de la conférence épiscopale du Kenya. Dans ce contexte, légitimement, des questions se posent quant à la capacité de la police kényane à exercer un rôle professionnel et pacificateur à l’étranger, pendant qu’au Kenya, la population se plaint des agissements d’une police corrompue, violente et irresponsable.
Du côté d’Haïti, le leader du parti EDE, Dr. Claude Joseph, a réagi avec prudence au communiqué du ministère des affaires étrangères du Kenya. Il souligne à juste titre que l’intégrité et la professionnalité de la police kényane dans son propre pays soulèvent des inquiétudes au regard de son efficacité à rétablir l’ordre en Haïti. Cette position met en lumière des préoccupations légitimes sur les conséquences possibles d’une telle intervention étrangère sur notre souveraineté et notre démocratie déjà fragiles.
Pour une Haïti Souveraine et Pacifique
Au cœur de cette situation préoccupante pour notre chère Haïti, le Journal des Engagés se positionne fermement en faveur d’une solution qui préserve la souveraineté et la paix du pays. Les propos éclairants du leader du parti EDE, Dr. Claude Joseph, soulignant que le Kenya est lui-même aux prises avec des manifestations meurtrières et une crise de gouvernance interne paraissent tout à fait logique et pertinent.
Le Journal des Engagés voudrait revenir sur le communiqué émis par le Parti EDE en date du 10 octobre 2022, exprimant un profond étonnement quant à l’incohérence de l’actuelle équipe gouvernementale, qui s’est toujours opposée à l’envoi de troupes étrangères dans le pays. Cette prise de position du parti EDE soulevait déjà des doutes légitimes sur les véritables motivations du Premier Ministre Ariel Henry dans sa demande d’intervention internationale. Nous partageons également les inquiétudes concernant une éventuelle consolidation des pouvoirs et l’intérêt personnel derrière cette demande.
Nous croyons fermement qu’il revient principalement à la Police Nationale d’Haïti (PNH) de rétablir l’ordre et la paix sur notre territoire. Néanmoins, nous reconnaissons les limites de la PNH dans sa lutte contre les gangs et la garantie de l’ordre public, notamment en raison d’un déficit d’effectifs et de moyens opérationnels. C’est pourquoi nous exhortons la communauté internationale à soutenir davantage la PNH en fournissant une assistance technique, financière et matérielle. Cette aide renforcée permettra à la police haïtienne d’agir plus efficacement contre les bandits et de garantir la sécurité de notre population.
Le Journal des Engagés rejette catégoriquement toute intervention étrangère qui pourrait servir à consolider les pouvoirs d’un gouvernement controversé ou à perpétuer des inégalités et des injustices sociales. Il soutient les initiatives nationales visant à renforcer les institutions démocratiques, à promouvoir la transparence et à garantir l’équité et l’égalité́ des chances à tous les niveaux. Notre nation aspire à une gouvernance juste, à des élections transparentes et à une transition pacifique du pouvoir.
Le Journal des Engagés réaffirme sa mission de contribuer à la construction d’une Haïti fière de son histoire et tournée vers un avenir prospère. Nous invitons le peuple haïtien à rester vigilant et à œuvrer pour des solutions internes, inclusives et souveraines, afin de surmonter la crise actuelle et de bâtir un avenir de paix et de progrès.
L’équipe éditoriale du Journal des Engagés